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« Shrinkflation » – Vraiment plus de transparence ?

La « shrinkflation » consiste pour un industriel à diminuer la quantité d’un produit, tout en maintenant ou augmentant son prix.  Dès lors que les consommateurs ne sont pas pleinement informés d’une telle stratégie employée par un industriel, leurs décisions d’achats peuvent être biaisées, ce qui est évidemment problématique. Le gouvernement entend prendre des mesures, mais sont-elles suffisantes ?

Un consommateur peut par exemple avoir pris l’habitude d’acheter une marque de lessive ou de pommes noisettes surgelées sur la base d’une analyse qualité-quantité-prix. En maintenant le prix, mais en baissant légèrement la quantité de ces produits, l’analyse initiale devient caduque, sans que le consommateur n’ait été clairement informé de cette « shrinkflation ». Faute d’encadrement, cette pratique – aujourd’hui loin d’être généralisée – pourrait prendre davantage d’espace en bénéficiant de l’ombre dans laquelle elle opère.

Pour pallier cet écueil, un arrêté du gouvernement prévoit que les consommateurs puissent être informés à compter du 1er juillet prochain. Si c’est une avancée, je vois néanmoins trois problèmes.

Tout d’abord, cette information sera uniquement communiquée par les distributeurs (grande et moyenne distribution) par voie d’affichage. Il aurait été quand même logique d’imposer aux industriels d’indiquer clairement sur les emballages une modification à la baisse de la quantité d’un produit.

Ensuite, rien ne garantit que l’encadrement de cet affichage permettra aux consommateurs de pouvoir réellement prendre connaissance d’un cas de « shrinkflation », puisque les distributeurs pourront se contenter d’un simple et vague affichage « à proximité » du produit. Ce n’est pas ici un procès d’intention, mais le fruit de pratiques que nous avons déjà constatées sur la qualité de l’information en rayons faite par les distributeurs (j’ai par exemple en tête le cas de celles pour le moins lacunaires en lien avec les changements de recettes consécutives aux difficultés d’approvisionnement des industriels en huile de palme). Il aurait été plus pertinent d’imposer un affichage de l’information directement sur le produit (ce sera possible, mais pas obligatoire).

Enfin, parce que le gouvernement limitera cette obligation d’affichage aux magasins physiques, ce qui de fait exclura du champ d’application de la mesure les sites internet des distributeurs proposant des « drives », exclusion qu’aucune contrainte technique ne saurait justifier.

Tout en espérant que ces limites puissent être corrigées par la règlementation, je ne peux qu’inviter les consommateurs à se fier moins que jamais au seul prix des produits, mais à bien comparer les évolutions et les différence de prix en fonction des prix unitaires (au litre ou au kilo).​​​​​

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l’UFC-Que Choisir

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