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Consommation – Un QR code pour remplacer le code-barres

En 2024, un QR code va progressivement s’installer sur tous les emballages. Il contient de nombreuses données sur le produit, facilement accessibles. Explications.

 

Les code-barres vont bientôt tirer leur révérence. Dès cette ­année, des QR codes apparaîtront peu à peu sur les emballages ou les étiquettes des articles et ils seront systématisés à la fin de 2027. Mais quel est l’intérêt de ces modules graphiques en noir et blanc ? Pour répondre à cette question, revenons en arrière. Lorsque le commerce a pris un essor mondial, il a fallu s’assurer que chaque produit soit bien identifié, de sa fabrication à sa vente. Une collaboration entre pays s’imposait. Des entreprises ont donc créé GS1 Inter­national, une organisation à but non lucratif chargée de trouver un langage commun. « À chaque article est associé un code unique à 13 chiffres. L’objectif est de le décrire de façon non ambiguë », détaille Didier Veloso, président exécutif de GS1 France. Autre but : accélérer le passage en caisse, en s’affranchissant de la saisie manuelle.

De ces besoins est né le code-barres. Utilisé pour la première fois en 1974 aux États-Unis, il a débarqué chez nous en 1980. L’avènement du smartphone, grâce auquel une multitude de données deviennent disponibles via un simple « flash », a ouvert d’autres perspectives. Après 50 ans de bons et loyaux services, le code-barres, obsolète, va céder sa place à une version « augmentée », le QR code. « Une sorte de code-barres doublé d’un accès infini au web », précise Didier Veloso.

Ce nouveau système garantira une meilleure traçabilité du produit et permettra une identification lot par lot. Ainsi, en cas de procédure de retrait-rappel, il suffira de transmettre la référence du lot incriminé pour qu’il soit bloqué en caisse. De quoi intéresser les distributeurs, car aucun ne souhaite revivre les retours massifs et désorganisés des laits en poudre de Lactalis, en 2017 ! Les grandes surfaces pourront également programmer des ristournes, par exemple une baisse de prix sur un aliment approchant de sa date limite de consommation (DLC). Ménouar Lounes, directeur projets data solutions de l’enseigne Cora, estime aussi qu’il s’agit d’« un moyen donné aux fabricants de communiquer des informations plus fiables, comme la traçabilité de leur circuit de production ».

Une plus grande transparence

Quant aux consommateurs, ils accéderont à divers renseignements sur l’article acheté, tels que sa DLC, la provenance de ses ingrédients, son lieu de fabrication, les éventuels labels qu’il arbore, les consignes de tri, etc. Charlotte Marsollier, responsable innovation et marketing de L’atelier V, considère que cette dématérialisation supplée au manque de place sur les pots de ses tartinades végétales. « Je suis favorable à la transparence sur le degré de transformation, le score environnemental et même la répartition de la valeur, cependant je ne vois pas où les mettre sur mes étiquettes », déclare-t-elle. Avec un QR code, elle aura, en outre, la possibilité d’indiquer l’origine de chaque ingrédient, par lot. « Il m’arrive d’être confrontée à des pénuries de matières premières. C’est le cas actuellement concernant l’huile d’olive, ainsi que l’oignon et la lentille corail bios français, pour lesquels nous avons dû trouver d’autres fournisseurs. Or, la loi nous impose de fournir une information exacte au client. Si les étiquettes pré-imprimées ne correspondent pas, il faut les jeter. »

Le QR code permet donc de stocker certaines données. Toutefois, les informations sensibles ou dévalorisantes – par exemple, un Nutri-Score E – ne risquent-elles pas d’être reléguées dans le cloud (stockage en ligne) ? Et que deviendront les mentions obligatoires (composition, tableau nutritionnel, avertissements sanitaires, etc.) qui n’avantagent pas un aliment ? La réglementation devra le préciser. La filière vinicole a obtenu la dématérialisation de la liste des ingrédients, mais pas celle du pictogramme « femme enceinte ».

De plus, les marques vont disposer d’un canal de communication infini pour améliorer l’expérience client. Decathlon commercialise ainsi un élastique de musculation avec un QR code imprimé renvoyant l’acheteur vers des exercices. En plus de fournir des renseignements sur « la traçabilité, l’histoire de conception, l’entretien ou encore la seconde vie » dans les QR codes de ses produits, l’enseigne de sport se dirige déjà « vers le remplacement du code-barres », explique Jérôme Lemay, son responsable RFID tag. De même, on trouve des articles L’Oréal « QR codés » – une coloration, une crème solaire ou encore un parfum. Il s’agit de « répondre à la demande grandissante de transparence », affirme Stéphane Lannuzel, directeur du programme Beauty Tech. Et aussi de proposer des conseils d’utilisation et des promotions selon la période de l’année, le lieu où a été scannée la référence, etc.

D’après Didier Veloso, ce QR code constituera par ailleurs un appui indispensable à l’économie circulaire. « Avec le reconditionnement, la réparabilité, le réemploi et la seconde main, le produit subit des modifications parfois substantielles, qu’il faut tracer, souligne-t-il. En centre de tri, il doit être cor­rectement orienté vers le recyclage ou l’incinération. Le QR code, support de toutes ces données, peut y contribuer. » Cet intérêt sera néanmoins à mettre en balance avec la consommation d’énergie et de matières premières induites par le stockage et l’échange d’un flux considérable d’informations.

Vers un usage ponctuel

In fine, comment le consommateur s’appropriera-t-il ce nouvel outil ? Dégainera-t-il son smartphone à tout bout de champ en faisant ses courses – pour autant qu’il capte le réseau au fond du magasin ? Une récente enquête du Centre commun de recherche de l’Union européenne relativise l’usage de ce support lors de l’achat : seul un produit sur quatre a été scanné par les participants… Il est probable que ce QR code sera utilisé ponctuellement, afin d’en savoir plus sur un article apprécié ou, au contraire, dont on se méfie. Quoi qu’il en soit, L’Oréal constate qu’un trafic accru sur son site augmente ses ventes. Le QR code ne devrait donc pas nuire au business !

Comment lire un code-barres et un QR code ?

GTIN (Global Trade Item Number)

Ce numéro unique identifie un article. Il compte 13 chiffres : les deux premiers indiquent le pays, les cinq suivants, l’entreprise, les cinq autres se rapportent au produit de façon générique et le dernier sert au contrôle.

Code-barres (ou EAN, European Article Number)

Il représente les 13 chiffres du GTIN par une série de barres d’épaisseurs différentes et de divers espaces.

QR code (Quick Response code, ou code de réponse rapide)

Il active un lien URL renvoyant vers un site. Les trois carrés sur trois des quatre angles (toujours sur ceux du haut et celui en bas à gauche), servent à le lire dans le bon sens. Une information se répète plusieurs fois au sein de la figure, ce qui limite les erreurs et permet sa lecture même s’il est partiellement abîmé ou caché. Le QR code « augmenté » de GS1 intègre le GTIN, ainsi qu’une URL.

Il y a d’autres techniques d’identification des produits telles que la puce RFID, employée dans l’habillement, ou le DataMatrix, pour les médicaments.

Elsa Casalegno

Elsa Casalegno

Rédactrice

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