Télé, radio, séries… les services audiovisuels ont un impact non négligeable sur l’environnement, à des degrés divers. Si rien n’est fait, leur empreinte carbone pourrait croître de 30 % d’ici 2030.
Après l’impact environnemental du numérique, l’Autorité de régulation des communications et des postes (Arcep) et l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) se sont penchées sur celui de l’audiovisuel. Et le bilan n’est guère plus reluisant. Regarder la télévision, écouter la radio ou la musique en streaming, lancer des replays, visionner des vidéos sur YouTube… Selon l’étude, toutes ces actions émettent un total de 5,6 millions de tonnes de CO2 par an, soit autant qu’un parc de 4 millions de véhicules, et consomment 13 TWh, soit 2,9 % de la consommation électrique française.
Comme pour le numérique, ce sont les terminaux qui, de loin, pèsent le plus lourd dans ce bilan. La fabrication, la distribution, l’utilisation et le recyclage des équipements audiovisuels (téléviseurs, smartphones, vidéoprojecteurs, enceintes, autoradios, etc.) représentent entre 72 et 90 % des impacts environnementaux du secteur, selon l’indice pris en compte (carbone, ressources minérales ou métalliques, consommation d’énergie, etc.), loin devant les réseaux (fibre optique, 4G, TNT, FM…) et les centres de données qui servent à faire transiter les flux et à stocker les contenus.
De tous les usages, c’est le fait de regarder la télévision qui pèse le plus sur ce bilan. D’une part parce que la télé représente 70 % de l’ensemble des usages vidéo, et d’autre part parce qu’elle est la plupart du temps regardée sur un téléviseur, dont la fabrication a un impact très lourd sur l’environnement. L’étude souligne aussi le poids énorme des publicités dans ce bilan, et notamment des publicités programmatiques que l’on trouve principalement sur les plateformes de type YouTube et sur les replays, et qui s’appuient sur un système d’enchères et de ciblage du public. Elles peuvent représenter jusqu’à 25 % de l’impact du visionnage d’une vidéo.
Un avenir inquiétant
L’étude souligne surtout les différences d’impact en fonction de la manière dont on consomme les contenus audiovisuels. Ainsi, écouter la radio pendant 1 heure émet 7 g de CO2 sur un transistor, mais 31 g sur un téléphone connecté en 4G. Et pour cause : avec ses équipements et ses nombreuses antennes, le réseau 4G est très gourmand en ressources. Et regarder la télévision pendant 1 heure génère 40 g de CO2via la TNT, mais 52 g par le biais du décodeur d’un fournisseur d’accès à Internet ou d’un smartphone connecté en 4G.
L’avenir n’est pas radieux, car si rien n’est fait, les émissions de gaz à effet de serre engendrées par les services audiovisuels pourraient augmenter de 30 % d’ici 2030. Comme pour le numérique, l’Arcep et l’Arcom recommandent aux fabricants d’optimiser la réparabilité de leurs terminaux afin qu’ils puissent durer plus longtemps. Elles estiment également que des économies pourraient être réalisées si les éditeurs amélioraient leurs systèmes d’encodage ou stoppaient le lancement automatique des vidéos. Les utilisateurs ont aussi leur rôle à jouer : en conservant leurs terminaux plus longtemps, en regardant la télévision via la TNT plutôt que par le décodeur de leur FAI, en se connectant dès que possible au Wi-Fi ou en réduisant la définition des vidéos qu’ils regardent sur leur smartphone, ils peuvent contribuer à réduire leur impact.
Cyril Brosset