Depuis le 1er juillet, les enseignes de la grande distribution sont tenues d’informer les clients des cas de « shrinkflation », c’est-à-dire le camouflage d’une hausse de prix au kilo ou au litre par la réduction des quantités emballées. Nous avons envoyé nos enquêteurs dans les magasins pour le vérifier, et le résultat n’est pas glorieux.
Les distributeurs savent communiquer pour assurer leur promotion. Nettement moins pour signaler à leurs clients des informations plus désagréables, comme des hausses de prix en rayon… Pourtant, ils sont tenus d’indiquer, depuis le 1er juillet, les cas de « shrinkflation » (ou « réduflation »), une pratique qui consiste à rendre une hausse de prix au kilo ou au litre imperceptible aux yeux du consommateur en réduisant la quantité contenue dans l’emballage. Dans un contexte de prix élevés, les exemples se sont multipliés ces derniers mois.
Contestable, la shrinkflation est, en général, légale, si les fabricants prennent soin d’indiquer la nouvelle quantité, de signaler un nouveau format et d’attribuer un nouveau code-barre (EAN). Mais le gouvernement a décidé de s’y attaquer, peut-être pour faire oublier l’échec du « panier anti-inflation » lancé l’an dernier pour juguler l’inflation sur les produits de grande consommation. Il publiait le 16 avril un arrêté « réglementant l’information des consommateurs sur l’augmentation des prix des produits dont la quantité a diminué » : les enseignes ont l’obligation d’apposer des affichettes pour signaler les produits faisant l’objet d’une shrinkflation, selon la stratégie très anglo-saxonne du « name & shame » (« nommer et couvrir de honte »).
Aucun affichage dans 95 % des magasins
Mais se sont-elles réellement conformées à cette obligation ? Nous avons envoyé nos enquêteurs en magasin dans toute la France pour le vérifier. Du 1er au 6 juillet, ils ont visité 423 supermarchés et hypermarchés. Conclusion : dans 95 % des magasins, aucun affichage n’a été observé. Et quand il y en a, les affichettes sont rares et partielles.