L’annonce du président de la République de ne pas interdire les chaudières à gaz dans le parc immobilier existant a dû soulager de nombreux ménages. Mais de nombreux points restent à éclaircir.
Ouf, après avoir annoncé leur interdiction dans l’existant en mai dernier, le gouvernement a fini par renoncer à interdire les chaudières à gaz. Les 12 millions de ménages qui en sont équipés peuvent souffler. Si leur équipement arrive en bout de course, ils pourront le remplacer.
Début juin, Que Choisir alertait sur les conséquences désastreuses d’une interdiction. D’abord pour le pouvoir d’achat des consommateurs, une pompe à chaleur air-eau coûtant en moyenne 10 000 € de plus qu’une chaudière à gaz tout en devant être changée plus souvent, en raison d’une endurance moindre.
Le gouvernement a beau promettre des aides à l’installation d’une pompe à chaleur, elles ne concernent que les revenus modestes ou très modestes, qui par ailleurs risquent de se retrouver sans chauffage à la première panne s’ils n’ont pas le budget pour payer la réparation. Le Synasav, Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique, avait lancé l’alerte sur cette question avant l’été, constatant que des pompes à chaleur installées en remplacement des chaudières fioul dans le cadre des offres à 1 € tombaient déjà en panne chez des foyers aux revenus très modestes, incapables de payer leur remise en état.
RELÈVEMENT DE LA TVA
L’interdiction de remplacement des chaudières à gaz serait tout aussi désastreuse face à l’objectif de neutralité carbone. Car si l’électricité produite sur le territoire émet peu de gaz à effet de serre grâce au parc nucléaire, celui-ci est incapable de faire face aux pointes électriques hivernales. Passer massivement aux pompes à chaleur reviendrait donc à importer une électricité produite par les centrales à charbon d’Allemagne, hyper émissives.
Le président de la République a finalement décidé de ne pas pénaliser les 12 millions de ménages qui se chauffent au gaz, mais un autre point d’inquiétude apparaît avec le projet de relèvement de la TVA à 20 %. Il conduira fatalement de nombreux consommateurs à opter pour des modèles bas de gamme, moins performants et plus polluants. Ce serait un comble dans le cadre de la planification écologique.
Élisabeth Chesnais
Chef de rubrique