L’achat comptant d’une voiture neuve devient rare. Les Français préfèrent la location, avec option d’achat (LOA) ou longue durée (LLD). Notre enquête montre qu’ils en sont satisfaits, malgré un coût final supérieur. Explications et conseils pour bien vous y préparer…
En France, les immatriculations ont reculé de 3,2 % en 2024 par rapport à 2023, pour représenter 1,72 million de véhicules neufs (1). Dans le même temps, le recours à un financement a augmenté de 3 % – crédits traditionnels, dits « affectés », et leasing confondus –, atteignant 10,8 milliards d’euros, selon l’Association française des sociétés financières. Ce sont les opérations de location avec option d’achat (LOA) qui ont tiré ces chiffres vers le haut. Elles ont en effet progressé de 7,4 % (contre 29,4 % pour l’achat d’une occasion), alors que les prêts classiques ont chuté de 28,5 %. Dorénavant, 9 financements sur 10 d’une voiture neuve et plus d’un tiers d’une occasion se font en LOA.
En regardant les slogans publicitaires, on comprend que cette formule est aujourd’hui l’argument phare pour vendre des véhicules. Fin août, dans divers magazines, Renault présentait trois modèles de sa gamme en leasing, dès 120 € par mois. Volkswagen, de son côté, mettait en avant son nouveau T-Roc Cabriolet en location longue durée (LLD) « à partir de 309 €/mois ». Idem sur le petit écran, où les spots ne parlent, eux aussi, presque que de paiements par mensualité. Exit, donc, les mérites d’une voiture, et même son prix : désormais, c’est le coût de la mensualité qui est le nerf de la guerre. Communiquer sur un montant bas constitue un moyen efficace de faire venir les clients, confiait un constructeur à Que Choisir. Car si les acheteurs peuvent effectivement trouver leur compte dans le leasing, c’est également tout bénef pour les professionnels de l’auto.
Lexique
La LOA est une location avec option d’achat proposée par des professionnels (concessionnaires, garages, sociétés de leasing), les banques ou les établissements de crédit. Elle permet d’acheter le véhicule à la fin du bail, à un prix fixé dès le départ.
La LLD, ou location longue durée, est un contrat sans option d’achat. À la fin du délai, vous devez rendre la voiture au loueur.
Les constructeurs y gagnent
Certains n’hésitent pas à « forcer la main » des consommateurs indécis. Si la majorité des répondants à notre enquête de satisfaction sur la LOA et la LLD sont allés chez le concessionnaire en ayant déjà la location en tête, 29 % affirment que l’idée a été suggérée par le vendeur. Assez logique puisque de nombreuses firmes automobiles possèdent leur propre organisme de financement (Mobilize Financial Services de Renault, Stellantis Finance & Services, ex-Credipar, et Volkswagen Financial Services dédiés aux marques de ces groupes), et qu’opter pour une LOA ou une LLD équivaut à souscrire un emprunt chez le constructeur.
Le leasing est, en outre, un marché captif, les locataires devant, le plus souvent, réaliser l’entretien de leur voiture et les réparations dans les garages du fabricant. Ainsi, 55 % des participants à notre sondage notent que leur contrat leur impose, pour ces opérations, de se rendre dans un atelier de la marque. Ce chiffre monte à 63 % concernant Toyota. Et, même si les prestations courantes (vidange, remplacement des filtres…) sont en général les seules incluses au contrat, le suivi d’un véhicule permet aux enseignes de prendre en charge certains gestes annexes, comme le remplacement des pneus ou des freins, que les automobilistes font sinon de plus en plus hors des réseaux, dans les centres auto ou les garages multimarques. Ces obligations sont aussi censées garantir au vendeur de récupérer un véhicule en bon état à la fin du contrat, ce qui facilitera la revente. Enfin, à l’échéance, le client est contraint de retourner dans son garage pour rendre sa voiture… et potentiellement en reprendre une nouvelle.
Les constructeurs ont globalement visé juste en pariant sur la location : dans notre enquête, 80 % des sondés admettent qu’ils auront à nouveau recours au leasing pour leur futur modèle. Valérie Chatain, directrice marketing de Mobilize Financial Services France, explique également la forte progression du leasing par l’incertitude ambiante, notamment sur les motorisations, avec l’arrêt annoncé des moteurs thermiques en 2035 et l’implantation plus ou moins tardive des zones à faibles émissions (ZFE) dans les villes. Louer permet alors de s’affranchir d’une charge mentale importante pour l’automobiliste : la revente de sa voiture.
Un coût modéré… mais plus élevé à la fin
Grâce à la location, on peut aussi se faire plaisir sur le choix d’un modèle, d’une couleur ou même d’options. De plus, et c’est un gros avantage pour le souscripteur, les loyers sont souvent moins importants que les mensualités d’un crédit classique. Cette situation est due à un mode de calcul basé sur la décote du véhicule (le prix d’achat moins celui de revente estimé) pendant la durée de la location, et non sur sa valeur totale. In fine, le coût mensuel modéré représente un fort critère d’adhésion à cette formule, indique un petit tiers des sondés. Cependant, si on le rapporte au montant de la facture finale, la somme qui semble modique ne l’est pas… Ce dont certains sont conscients : 45 % des participants à notre enquête doutent de la pertinence économique de la location par rapport à un crédit classique ou un achat comptant.
Pour en avoir le cœur net, nous avons déterminé un coût moyen d’une location : sur une période de 3,5 ans, en additionnant le versement initial et le loyer mensuel (350 € en moyenne), il s’établit à 18 000 €, en variant de 10 000 € pour une petite citadine à 25 000 € pour une routière haut de gamme. Comparativement, l’achat comptant moyen, déduit de la valeur de revente, revient à 14 000 € sur la même période et à 17 500 € avec un crédit traditionnel. Et encore, nous n’avons pas tenu compte des frais éventuels tout au long de la location… Il s’agit de la bête noire des locataires : une éraflure sur une porte, un pare-chocs marqué ou des pneus un peu trop usés, et c’est la douloureuse ! Chaque réparation est facturée au prix fort.
Une petite majorité des personnes interrogées dit craindre davantage d’abîmer un véhicule loué que si elles l’avaient acheté. On grimpe à 71 % du côté des plus modestes, contraints à ce mode d’acquisition pour des raisons économiques. In fine, un quart des sondés a été obligé de débourser un supplément lors de la restitution de la voiture. Si ce montant varie beaucoup, la moyenne s’élève tout de même à 1 200 €… alors que 65 % de ceux qui ont dû remettre la main à la poche considèrent que c’était injustifié ! Autre grief des utilisateurs : le forfait kilométrique. Il oscille généralement entre 5 000 et 20 000 km par an, et est défini au début du contrat. Or, à l’usage, un répondant sur quatre déclare trouver ce forfait contraignant (12 % reconnaissent l’avoir déjà dépassé). À raison d’un coût par kilomètre supplémentaire situé entre 0,05 et 0,25 €, cela revient très cher. Par exemple, pour 10 000 km de plus sur la durée, la note peut atteindre 2 500 €.
Modifier son forfait ?
Certes, en cours de location, il est possible de modifier le forfait lorsqu’on a vu trop juste et que le contrat le permet (même si c’est plus rare, cela se fait également à la baisse). Toutefois, là aussi, c’est le coup de bambou. Non seulement il faut régler des frais de dossier, mais en plus, le loyer est revu à la hausse. L’une des solutions pour contourner cet écueil consiste à lever l’option d’achat en acquérant la voiture à la fin du contrat : l’excédent n’est souvent pas facturé. Cette décision n’est toutefois pas la plus fréquente : dans notre enquête, 56 % des automobilistes n’ont pas acheté le véhicule qu’ils louaient, car ils souhaitaient plutôt en utiliser un nouveau. Enfin, attention aux amendes ! Lors d’une LOA ou d’une LLD, le constructeur reste le propriétaire de la voiture. Si vous commettez une infraction, c’est lui qui reçoit l’amende. Il devra donc vous dénoncer dans les 45 jours, comme le dispose l’article L. 121-6 du Code de la route. Dès lors, en plus du montant du PV, des frais de dossier vous seront réclamés, de plusieurs dizaines d’euros (le montant dépend des marques).
Alors, la location avec option d’achat ou longue durée est-elle, au bout du compte, une bonne affaire ? Avant de pousser la porte d’une concession, il est important d’avoir déterminé son budget mensuel pour ce « poste auto » et son apport éventuel, afin d’obtenir le contrat le plus adapté à ses ressources. Ensuite, il faut faire le point sur ses besoins, notamment le nombre de kilomètres, et sur la durée du contrat. On n’oubliera pas non plus de détailler les prestations incluses (comme l’entretien) et les assurances proposées (en cas de sinistre, de perte d’emploi…). Parfois, LOA ou LLD peuvent même réserver une bonne surprise : l’accès à un véhicule mieux équipé ou plus grand que prévu.
LOA, LLD ou crédit : quelle formule choisir
Avant de vous décider, faites le point sur l’usage que vous faites de la voiture, car le mode de financement en dépend.
Lorsque le budget est contraint, la LOA ou la LLD permet d’avoir des mensualités moins élevées qu’un crédit traditionnel. En outre, avec la location, l’entretien est généralement inclus, ce qui permet de connaître précisément son budget auto.
Si vous êtes un petit rouleur, soit moins de 5 000 km/an, la formule de la location, quelle qu’elle soit, ne sera pas vraiment adaptée : vous ne parcourez pas la distance prévue dans le contrat, et cela risque de vous coûter plus cher. Idem quand vous faites plus de 15 000 km/an : là aussi, la location n’est certainement pas une bonne option (le montant final étant très élevé).
Vous roulez beaucoup et aimez changer de voiture ? Vous avez le profil idéal pour une location. Attention, toutefois, à bien vérifier le kilométrage compris dans le contrat et les conditions de modification avant son échéance.
Si vous souhaitez garder longtemps votre voiture, pas la peine de prendre une LOA ni une LLD. Optez pour un crédit classique, il vous reviendra moins cher.
Un projet d’enfant, de déménagement, de changement professionnel ? Dans ces cas, la LOA peut devenir une contrainte, sauf si elle est sans engagement de durée. Le crédit traditionnel devrait être plus approprié, car il vous donne la possibilité de vendre votre voiture, d’en changer ou même d’en abandonner l’usage à tout moment.
Notre enquête
1 285 lecteurs ont répondu à notre sondage, réalisé du 19 au 26 juin 2025, via la newsletter de Que Choisir. Le questionnaire portait sur l’usage et la satisfaction d’une location avec option d’achat (LOA) ou d’une location longue durée (LLD) pour un véhicule particulier.
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(1) Source : la Plateforme automobile, PFA.

Yves Martin

Noé Bauduin
Observatoire de la consommation