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Photovoltaïque – Intéressante, l’autoconsommation ?

Entre l’explosion du tarif de l’électricité et la baisse du prix des panneaux photovoltaïques, l’autoconsommation avec vente du surplus devient intéressante. Mais, pour faire le bon choix, il faut prendre en compte ses besoins et ses usages.

 

Deux changements essentiels

1. L’autoconsommation avec vente du surplus l’emporte dès que l’on peut utiliser sa production en journée. Attention, ça ne va pas toujours de soi.

2. La vente totale est, pour l’heure, très pénalisée par la chute brutale du tarif d’achat du kWh. L’investissement reste néanmoins rentable et se justifie si l’on consomme peu en journée.

Depuis 2023, le prix de l’électricité a augmenté comme jamais : +15 % en février l’an dernier, +10 % au mois d’août suivant, enfin +8,6 % en tarif de base et +9,8 % en option heures pleines/heures creuses au 1er février 2024. À l’inverse, les panneaux photovoltaïques produits en masse en Chine inondent le marché, provoquant une baisse des coûts des équipements. Le montant, pour une puissance installée de 3 kilowatts-crête (kWc) en surimposition de toiture – disposition la plus pertinente chez les particuliers –, tourne désormais autour des 7 000 € avec un onduleur classique. Ce dernier est préférable aux micro-onduleurs, plus chers, qui se fixent sur les panneaux et obligent à monter sur le toit dès qu’il y en a un de défaillant. En parallèle, les tarifs d’achat des kWh produits se sont effondrés pour la vente en totalité (quand toute l’électricité que l’on produit est vendue), alors qu’ils restent à peu près stables pour la commercialisation du surplus avec autoconsommation. L’écart de rémunération du kWh entre les deux cas s’est donc nettement réduit.

Avec ces nouveaux éléments, Que Choisir a multiplié les simulations de rentabilité sur 20 ans (1), à partir d’une puissance de 3 kWc en surimposition de toiture exposée sud. Et en retenant un taux d’autoconsommation de 30 % lorsqu’il y a vente du surplus – cette moyenne, issue d’une étude allemande, est reprise par l’association Hespul, la référence entre toutes en matière de photovoltaïque. Selon ces données, et que ce soit sur la base des prix actuels de l’électricité au tarif réglementé (2) ou en pariant sur une hausse de 6 % par an les cinq prochaines années puis de 2 ou 3 %, l’autoconsommation avec vente du surplus l’emporte désormais sur la vente totale. Dans toutes nos simulations, les courbes se croisent au profit de cette dernière. Y compris dans le Sud de la France, là où la production dépasse 4 100 kWh par an. Pour autant, faut-il miser à tout coup sur l’autoconsommation avec vente du surplus ? La question fait débat.

Dans le Rhône, après avoir rentabilisé ses premiers panneaux par la vente totale, René Petiot en a ajouté pour autoconsommer avec vente du surplus.

En fonction de son mode de vie

La réponse est oui si l’on passe ses journées à domicile à la belle saison, en chauffant sa piscine et en faisant fonctionner sa climatisation, car on approche alors facilement les 70 % d’autoconsommation. En dehors de ce genre de situations, qui concernent surtout des retraités vivant en région méditerranéenne, parvenir à décaler l’essentiel de sa consommation électrique aux heures où les panneaux produisent n’a rien d’évident. À moins de faire beaucoup de télétravail, les actifs quittant leur maison le matin et rentrant le soir risquent d’être déçus. En effet, les panneaux fournissant en moyenne 65 % de leur production entre avril et septembre, il faut basculer un maximum d’usages sur la journée, à la belle saison, pour autoconsommer plus. Sachant que tous les kWh produits pendant les absences sont rémunérés au prix du surplus, si l’on n’occupe pas son logement pendant les congés d’été, le régime de vente totale convient davantage.

Par ailleurs, rappelons que nos pics de consommation se situent le matin et le soir, des tranches horaires pendant lesquelles on ne peut pas compter sur le fonctionnement des panneaux. Faire coïncider usages et production nécessite donc de savoir s’adapter et d’assurer un suivi régulier en fonction de la météo. Le chauffe-eau électrique étant un équipement énergivore, le programmer en journée plutôt qu’aux heures creuses de la nuit peut s’avérer intéressant : il consommera alors la production des panneaux… sauf qu’il marchera au prix fort, au tarif heures pleines, les jours de pluie et de temps maussade. Et, en hiver, il faudra le rebasculer sur heures creuses afin d’éviter les mauvaises surprises sur sa facture d’électricité. Comme on le voit, décaler un usage n’est pas si simple…

L’objectif premier de l’autoconsommation étant, en principe, de réduire au maximum sa facture d’électricité, il convient de s’en souvenir quand on cherche à utiliser sa production avant tout. De fait, s’il est aisé de décider de la mise en route du lave-vaisselle et du lave-linge au coup par coup, l’enjeu reste cependant mineur puisqu’ils ne consomment qu’à peine 1 kWh par lavage chacun. Le sèche-linge, avec ses 3 kWh par cycle en moyenne, semble un bien meilleur candidat… à ceci près qu’on peut éviter de l’utiliser. De fait, le cordon à linge et le séchoir à poser font parfaitement l’affaire à la belle saison, sans recourir au moindre kWh, qu’il soit autoproduit ou acheté au fournisseur d’électricité. Or, pour faire grimper son taux d’autoconsommation à près de 70 %, il faut consommer chaque jour de 10 à 11 kWh issus de sa production d’avril à septembre dans le Sud, période où le chauffage n’est pas nécessaire et où la clim ne l’est pas tous les jours. Au nord de la Loire, c’est plutôt entre 7 et 9 kWh (selon le lieu). On peut avoir une voiture électrique à recharger, néanmoins il est peu probable que ce soit toujours de la fin de la matinée à l’après-midi ! Ainsi, atteindre un taux d’autoconsommation élevé sans que cela pousse au gaspillage tient parfois de la mission impossible.

Renoncer aux heures creuses/heures pleines

La coopérative Solarcoop oriente au maximum ses clients vers l’autoconsommation avec vente du surplus. Elle nous a fourni à ce sujet les données très précises de plusieurs d’entre eux. Nous avons ainsi constaté que chauffer sa piscine était l’idéal pour atteindre 60 % d’autoconsommation. Mais qu’il était aussi possible d’y parvenir en s’équipant d’un chauffe-eau électrique et en renonçant au contrat heures pleines/heures creuses pour passer au tarif de base. Pour cela, Solarcoop fournit un routeur au prix de 250 €. Il détecte le surplus et l’injecte dans le cumulus. Quand les panneaux ne produisent pas, ou très peu, le chauffe-eau fonctionne en marche forcée, en pompant sur le réseau au tarif de base, qui est plus élevé (25,16 cts) que celui des heures creuses (20,68 cts). Certes, on autoconsomme à 60 %, mais la facture n’est pas aussi réduite que si le cumulus passait en heures creuses dès qu’il n’est pas alimenté par l’installation photovoltaïque.

Dans le Rhône, René Petiot a posé ses premiers panneaux en 2008, une époque bénie pour la vente totale. Son contrat lui assure alors une rémunération de 60 centimes par kWh. En à peine 5 ans, il rentabilise son investissement. En 2021, cette fois pour autoconsommer avec vente du surplus, il décide d’ajouter des panneaux. Sa toiture plein sud étant en partie occupée, il opte pour 2,56 kWc. Grâce à une excellente exposition, il produit 3 600 kWh par an, et en autoconsomme 1 490, soit 41 %. « Nous avons changé nos habitudes et renoncé au contrat heures pleines/heures creuses afin de passer en offre de base, explique-t-il. Les panneaux produisant de 10 à 16 heures (et un peu plus tard en été), le chauffe-eau thermo- dynamique tourne de 10 à 12 heures ; le lave-vaisselle et le lave-linge marchent ensuite. Par ailleurs, comme nous avons une pompe à chaleur air/air, nous climatisons dans la journée. » Autre exemple, celui d’Hervé Cuilleron, qui habite Condrieu, toujours dans le Rhône. En 2023, il a produit 3 476 kWh et en a autoconsommé 2 140. « On est entre 61 et 63 % d’autoconsommation selon les années. Notre organisation est basée sur l’utilisation de notre production, sachant que nous économisons l’énergie au maximum. Le lave-linge, le four et les plaques vitrocéramiques fonctionnent quand on produit. Le surplus est dirigé vers le cumulus quand on ne consomme rien d’autre. Autrement, l’eau chaude provient de la chaudière à gaz. »

René Petiot a dû changer ses habitudes de consommation pour utiliser au maximum sa production électrique.

L’option batteries est-elle rentable ?

Lorsqu’on travaille hors de chez soi, consommer beaucoup d’électricité en journée s’avère plus difficile. Se contenter de la rentabilité de la vente totale n’a alors rien d’aberrant, d’autant que devoir régler ses factures d’électricité encourage souvent bien plus aux économies qu’avoir à consommer au maximum sa production photovoltaïque… La situation changerait du tout au tout si les prix des batteries s’effondraient : on pourrait alors consommer matin et soir sa production de la journée, ce qui serait l’idéal. Seulement, ils demeurent prohibitifs. Quant aux batteries virtuelles, elles ne font que de belles promesses. En réalité, le client a le « choix » entre deux options : soit il devient l’otage du fournisseur qui lui propose ce dispositif car il a l’obligation de souscrire son contrat d’électricité chez lui – c’est alors la porte ouverte à des abonnements et à des prix du kWh prohibitifs. Soit il paie très cher sa souscription à la batterie virtuelle. Et peu importe la solution choisie, il faut y ajouter les taxes et les tarifs d’acheminement à payer sur chaque kWh virtuellement stocké. De plus, on n’a pas droit à la prime versée en cas d’autoconsommation. In fine, la batterie virtuelle n’est jamais compétitive, Que Choisir la déconseille vivement.

Les erreurs à éviter

1. Signer un devis sur une foire ou un salon. Il y est en général exorbitant. Pire encore, le droit de rétractation n’y existe pas, la vente y est ferme et définitive. La seule chance de la faire annuler, c’est que le contrat soit mal ficelé et ne respecte pas les obligations légales. Comme c’est relativement fréquent, les associations locales de l’UFC-Que Choisir parviennent parfois à résilier des ventes, mais il vaut encore mieux s’abstenir de passer contrat.

2. Accepter un démarchage et une souscription à domicile. C’est l’assurance de se faire arnaquer ! Seuls les commerciaux sans scrupule font du porte-à-porte. Les vrais professionnels du photovoltaïque sont bien trop occupés pour le faire.

3. Prendre un installateur au hasard. C’est une grave erreur. Il doit être qualifié RGE QualiPV ou RGE Qualifelec, et pouvoir vous indiquer des chantiers précis réalisés localement. N’hésitez pas à aller sur place, les clients satisfaits parlent facilement de leur installation. Vérifiez aussi que la garantie décennale de l’installateur est à jour, car pouvoir y recourir est capital en cas de pépin technique.

4. Signer un devis avant de l’avoir évalué sur le site d’Hespul, Evaluer-mon-devis.photovoltaique.info. Réaliser cette simulation permet de détecter les promesses insensées de surproduction et de rentabilité, tout autant que les tarifs exorbitants d’une installation.


(1) C’est la durée des contrats souscrits, que ce soit en vente totale ou en commercialisation du surplus.
(2) Et à condition que le tarif réglementé revienne à la normale dès 2025, ce qui semble peu probable.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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