> Adhérer ! > Faire un don > Soumettre un litige en ligne

Loir-et-Cher : les fraudes à la carte bancaire se multiplient avant les fêtes

Dans les banques blésoises, les clients voulant faire opposition après une fraude défilent en cette fin d’année. Face à des escrocs de plus en plus malins, certaines victimes ont perdu plusieurs centaines d’euros.

 

Achats sur Internet en hausse avant Noël, escrocs mieux préparés et jamais à court d’idées, le climat est propice aux fraudes à la carte bancaire. « Depuis novembre, c’est affolant. Le nombre de clients qui viennent pour déclarer être victime de fraude est multiplié par trois par rapport à d’habitude », confie une conseillère d’une banque blésoise.

« Deux à trois clients par semaine font opposition », confie une consœur du centre-ville. Une autre remarque qu’il y a « rarement une journée sans contestation pour une fraude ». Des cas qui, pour certains, ont occupé l’antenne loir-et-chérienne de l’association de consommateurs UFC Que Choisir, sollicitée pour « plus d’une vingtaine de cas » de fraudes bancaires en 2023. « Un chiffre stable mais ça fait beaucoup », admet Xavier Kruger, son président.

« Ça a duré 1 h 30,
j’étais hypnotisée »

Car de nouvelles techniques plus sophistiquées ont émergé : SMS venant d’un 06 pour payer une contravention ou recevoir un colis, sites imités à la perfection, hameçonnage dans des courriels presque sans défauts ou encore prétendre être votre conseiller bancaire pour voler des données personnelles… « C’est fini les mails avec des fautes d’orthographe grossières et les logos mal faits », poursuit une banquière. « Les fraudes touchent tout le monde, il n’y a pas que les papis et les mamies », embraye une autre.

Karine en a fait l’amère expérience. Cette Loir-et-chérienne, « vigilante et méfiante », a été dupée deux fois cette année. La quinquagénaire reste d’ailleurs « très traumatisée » après une fraude en avril, lorsqu’elle a voulu vendre « via Paylib » une paire de lunettes à 60 € sur Marketplace de Facebook.

Un homme disant « travailler pour Paylib » l’appelle, lui dit que l’acheteur a déjà payé plusieurs fois. « Je devais le rembourser. Il me disait d’aller sur un site, j’ai rentré mes codes de carte bleue, l’opération a été répétée. Ça a duré 1 h 30. J’étais hypnotisée. » Elle perd 280 €, fait opposition, avant de signaler la fraude sur le site gouvernemental Perceval.

« C’était bien ficelé »

Quelques mois plus tard, elle tombe sur une copie du site Promod « entre des pubs sur Instagram » « Je n’ai jamais reçu ma commande de 34 €. Maintenant, je demande à mon fils si le site est sécurisé quand j’achète en ligne ».

Louka, lui, a « reçu un mail » après avoir changé le système de sécurité de son compte bancaire. « On m’a demandé les six chiffres pour déverrouiller l’application. Je pensais que c’était la procédure. » Il les donne.

Quelques jours plus tard, il se rend compte que le Rib du destinataire de son loyer « de 328 € » a été modifié à son insu. « Je reçois des dizaines de trucs bizarres, je me méfie. Mais celui-là, il était tellement bien fait. »

Même mode opératoire pour l’escroc qui a volé 1.500 € sur le compte de Grégory, de Saint-Laurent-Nouan. Il a reçu un mail d’un comparateur d’assurance lui garantissant un « prêt à taux zéro » pour les panneaux solaires qu’il vient d’installer. « Il m’a promis 3.000 € et m’a demandé mes coordonnées pour me verser l’argent. J’ai donné mon numéro de carte bleue. Le monsieur était courtois. C’est bien ficelé, raconte-t-il. Si ça peut en aider certains à ne pas se faire avoir… »

 

165

Comme le nombre d’euros de fraudes par carte bancaire pour 100.000 € de paiement, contre 73 € pour les chèques. C’est le constat du rapport annuel 2022 de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement de la Banque de France, paru en juillet dernier. Si la carte bancaire est le canal « le plus vulnérable », le taux de fraude se contracte à 0,053 % contre 0,059 % en 2021. Cependant, le virement enregistre une nouvelle hausse annuelle des montants de fraude de 9 %. Ils ont même triplé en cinq ans, passant de 78 millions d’euros en 2017 à 313 millions en 2022 avec un taux de fraude de 0,001 %. « Les techniques de spoofing, d’usurpation d’identité pour obtenir des informations confidentielles, déportent la fraude sur les comptes bancaires car ils ne sont pas plafonnés contrairement aux cartes », assure Xavier Kruger, président de l’UFC Que Choisir en Loir-et-Cher.

@Article et photo NR du 8 décembre 2023

N'hésitez pas à partager !